Enhorabuena Carlos !

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Les 66ème championnats du monde d’escrime viennent de s’achever vendredi 27 juillet à Wuxi sur le triomphe des Transalpins au fleuret par équipes. Un homme, l’un de nos fidèles amis, a marqué ces épreuves grâce à une performance historique pour son pays : Carlos Llavador, 3ème au fleuret. Il rapporte à l’Espagne sa première médaille individuelle depuis 2008 (José Luis Abajo, 3ème à l’épée aux Jeux de Pékin) et la deuxième au fleuret depuis 1995 et l’argent de Juan Francisco Guerra aux Mondiaux de La Haye en 1995. Un authentique exploit pour ce compagnon de route du CEFC.

“Mon cher Carlos,

Nos routes se sont croisées pour la première fois lors de la saison 2011-2012, où un coup de fil de ton “président-champion” Manuel Pereira1 au Maître Eddy, a annoncé la visite de l’équipe d’Espagne du fleuret de passage en France. Nous étions loin de penser à cet instant qu’une amitié durable et un lien très fort te lierait au CEFC. Le Maître avait alors décidé de te concocter un programme d’entraînement au CEFC et dans des salles d’amis pour que votre semaine se passe bien. Hasard, il fallait quelqu’un pour t’héberger et j’ai accepté volontiers la mission. Durant cette semaine, j’ai découvert un jeune homme attachant et discret, respectueux des autres; moi ne parlant pas espagnol, toi pas encore bien français (il faut qu’on progresse !), et nous arrivions, entre escrimeurs, à nous comprendre.

L’histoire avec le CEFC aurait pu s’en tenir à ce séjour sportif de courtoisie, si nous n’avions pas à nouveau croisé ton chemin lors d’éliminatoires ratés du CIP lors de la saison suivante. Nous te proposons alors de participer aux circuits nationaux français lorsque tu le pouvais.

 

Carlos Llavador, champion de Paris 2014, en compagnie du Maître Eddy Patterson

En avril 2014, malgré une chute à vélo l’avant veille de ton départ au CEFC, tu deviens Champion de Paris. Une péripétie dans ton parcours de haut niveau, un trésor pour notre “petit” club. Une fois de plus, j’ai l’honneur de t’accueillir une semaine, et nous apprenons davantage à nous connaître. Je me souviens particulièrement de ton désarroi après une rude défaite contre celui que tu admires, l’italien Andrea Baldini, au tableau de 16 du Challenge Revenu à Melun. Tu es encore “petit”, toi aussi, à ce moment-là sur la scène internationale, mais tu m’impressionnes. D’ailleurs, tu nous impressionnes tous par ta vivacité sur la piste, et ton fair-play, ta gentillesse, et ton humilité en dehors.

En janvier 2015, tu viens à nouveau signer, pour le CEFC, un nouveau tableau de 16 à l’Open Antony. L’échec du CIP 2015, une compétition qui t’a longtemps fui, nous touche, mais ne t’abat pas. Tu signes en fin de saison, coup sur coup, deux performances majeures en ramenant le bronze européen en U23 de Vicenza, puis en sénior à Montreux. La chance, diront certains2 . Pour nous, elle n’a rien à voir là dedans.

Confirmer après une telle performance prend du temps. Le temps de prendre des claques, comme celle du CIP 2016, où tu t’inclines lors du dernier tour de qualification, sous le regard de tout le staff français, dans la salle annexe de Coubertin, contre un grand Jean-Paul Tony Helissey 15-14. C’est un coup dur, une fois de plus, et le grand tableau t’échappe. Nos licenciés, le lendemain, demanderont tous “Où est Carlos?”, preuve que la réputation du champion au sein du club n’est plus à faire. Mais l’échec le plus difficile va arriver au mois d’avril, où tu manques la qualification olympique au tournoi de Prague. C’est le moment de prendre une décision forte et de partir par la suite, t’entraîner en Italie, au côté de Garozzo, et d’autres grands champions. Un choix courageux qui te donne aujourd’hui raison dans le projet sportif et sur la feuille de route que tu t’es fixé.

C’est lors du CIP 2018, que tu réalises, sous les encouragements vifs du CEFC, ta meilleure performance à Paris. Nous avons tous été touchés par ta disponibilité, auprès des enfants notamment, entre deux assauts. Ce samedi, nous avons encore en mémoire ta victoire mémorable contre Trani 15-14, pour pouvoir affronter une vieille connaissance au tableau de 32, l’anglais Richard Kruse. Tiens donc, ce même Kruse que tu bats aux “Europe” pour accéder au bronze en 2015. Toujours Kruse sur ta route, lors de la coupe du monde d’Anaheim, où tu signes un probant tableau de 16. Un autre grand résultat à Shangai, un 1/4 de finale en Grand Prix, te laisse aux portes du podium, mais annonce l’étoile à venir.

Longtemps attendue, cette performance, tu la réalises encore en Asie, le 21 juillet 2018 à Wuxi3. Après un tableau impeccable, où tu bats deux médaillés mondiaux et olympiques redoutables (le japonais Saito & le russe Safin), le match du 1/4, est une libération : contre l’italien Giorgio Avola. Toi, “l’italien”, le faux-frère, prive de la médaille l’un des piliers de la “Squadra”, la nation qui va dominer ces championnats du monde, une fois de plus. La demi-finale place à nouveau sur ta route le grand Richard Kruse, qui cette fois ci gagne la partie. Ce bronze est non seulement une récompense méritée, au vu de tes efforts et de tes sacrifices, mais une leçon pour tous. Tu t’inscris dans l’histoire sportive de ton pays, et tu vas certainement susciter de nombreuses vocations. Mais cette médaille vient montrer une nouvelle fois, les bienfaits de l’ouverture aux autres sur le plan international. Ton passage remarqué, en France, puis en Italie, t’a lié d’amitié avec certaines personnes, et transcende le simple nationalisme sportif, celui qui consiste à se ranger derrière un drapeau pour simplement supporter les siens. Tu es un escrimeur espagnol, bien sûr, et tu ne l’as jamais oublié, ce qui ne t’empêche pas d’apprendre de l’escrime internationale, cubaine, française et évidemment italienne et espagnole. Et nous de te supporter et d’espérer que tu ailles au bout de ton projet olympique. Nous te renouvelons notre soutien et te considérons comme un vrai frère d’armes.

Crois moi, mon ami, en conservant ta modestie et tes ambitions : le meilleur reste à venir.

Amitiés,

Thomas Fioretti.

 

1. Président de la RFE EsgrimaManuel Pereira a été sacré champion du monde à l’épée à Denver en 1989
2. Sur la page wikipédia française il est indiqué que Carlos a bénéficié d’un tableau “assez clément”, sous entendant par là qu’il est arrivé à la médaille sur un quasi-malentendu…
3. Pour voir ou revoir la demi finale de Carlos https://www.youtube.com/watch?v=eaps5bn10Vw

One Response

  1. […] la toute première victoire en Coupe du Monde de fleuret de l’espagnol Carlos Llavador, dont on a déjà raconté l’histoire sportive et amicale qui le lie au CEFC. Un parcours exceptionnel, entamé vendredi 21 février, par le tour de poules et deux matches en […]