Trois de nos CEFC ont disputé le 25 janvier 2018 la première bataille du nord : l’épreuve nationale M15 à Hénin-Beaumont, 1/2 finale qualificative pour la Fête des Jeunes 2018. Si Aida a rendu les armes, non sans volonté, Cécile & Rayan sont dans la course pour la grande bagarre, également à Hénin-Beaumont, les 2 & 3 juin 2018.
“Je veux aller à la Fêtes des Jeunes !!!“
Classements de Ligue, H2028, Quotas nationaux, interzone, demi finale… Le néophyte a de quoi se perdre lorsqu’il s’agit de comprendre le règlement de la catégorie M15 (né.e.s en 2003-2004) et les étapes à franchir avant d’aller disputer ce que la Fédération Française appelle la Fête des Jeunes. Créée en 1976 par le Maître Jacques Donnadieu (ancien DTN et entraîneur national, aujourd’hui disparu), la Fête des Jeunes est un des événements phares de l’escrime française. Disputée aux trois armes, hommes, dames, en individuel le samedi, par équipes de Ligue le dimanche. Sélective, exigeante, cette épreuve réunit les 110 meilleur.e.s français.e.s et est également ouverte aux étrangèr.e.s (c’est pour cela que l’épreuve ne s’appelle pas “Championnat de France”)
Mais au delà des règlements, c’est une véritable histoire, une réelle séquence, que raconte cette course à la qualification finale. Les escrimeur.se.s doivent d’abord croiser le fer avec leurs camarades parisien.ne.es, puis celles et ceux de toute l’Ile de France, puis au niveau national. C’est une course au résultat, aux points, mais aussi au courage. Généralement Le nombre de participant.e.s, en compétition de Ligue, est environ entre 60 et 80 chez les garçons, entre 15 et 25 chez les filles. La marche est plus haute lors de la 1/2 finale : les rencontres nationales réunissent plus de 200 participant.e.s
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Le monde a de quoi impressionner : 241 inscrits chez les garçons, 224 chez les filles. Là encore, il ne faut pas penser aux chiffres et calculer. Sur la ligne de départ, les CEFC qualifié.e.s n’ont rien à perdre. Surtout l’une d’entre nous : la “petite”, Aida Khellaf, 11 ans, double surclassée. Aida s’est qualifiée en disputant toutes les compétitions M15. Jamais elle n’a reculé au moment de participer. Forcément, on peut parfois craindre que la très jeune escrimeuse soit trop tendre face à des filles plus âgées. Mais encore une fois, elle prouve sa force de caractère, malgré les larmes et les défaites, malgré la fatigue, tout au long de la saison. Pour une première année aux couleurs franco-cubaines, Aida termine la séquence M15 à une très encourageante 151ème place/ 225, avec 2 victoires pour 4 défaites en poules; Cécile tirant sa poule dans une autre des trois salles du Stade François Mitterrand, je dois prendre le relais de Maître Eddy, qui se dédouble pour suivre également Rayan, qui dispute au même moment le tableau d’élimination directe. On ne parle jamais assez de l’organisation des Maîtres, dans ce type de compétition, où l’on doit avoir les yeux partout. C’est un travail d’équipe. Chacun se relaie pour observer les trois élèves. Devant ses yeux éplorés, défaite au tableau de 256, je félicite Aida pour sa résistance. Il ne s’agit plus de technique, ni d’escrime. Je dois panser la douleur morale, la déception d’une jeune fille. “Mais moi je voulais aller à la Fête des Jeunes !!”. Patience Aida, ton heure va bientôt sonner !
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Arrivés à l’hôtel le samedi soir, Rayan & moi passons une excellente soirée en compagnie des Khellaf, venus en famille autour d’Aida. A mon arrivée, les CEFC sont déjà en match… de baby foot ! (partie qui va dans tous les sens dont on ignore toujours le score).
Le lendemain, le réveil est rude: 5h45, passage à l’heure d’été. Sedik, le papa d’Aida, nous conduit sur place jusqu’au gymnase, et je suis avec Rayan pour l’échauffement, jusqu’à la fin de la poule. La température, dans l’une des trois salles, une halle qui accueille habituellement du tennis, est glaciale; l’an dernier, le jeune CEFC avait eu du mal à rentrer dans l’ambiance, frigorifié. Il a tenu à vaincre le mauvais souvenir de 2017 en s’échauffant à nouveau sur les courts de tennis. Amateur éclairé, j’évoque souvent auprès de nos jeunes un autre gaucher, un des champions les plus bouillants du tennis, l’espagnol Rafael Nadal, toujours présent d’entrée de jeu. Mais Rayan n’a pas de camarade à ses côtés : seul garçon de son club, il ne peut pas disputer de match d’échauffement; je mets le plastron de Maître pour donner une petite leçon individuelle de placement. Il n’est jamais simple de faire cet exercice compétitif en solitaire, et je trouve un allié de circonstance pour mon jeune élève: le cannois Pierre-Hugues Chartier. La solidarité s’organise entre parisiens et provençaux. C’est l’esprit de l’escrime, l’ouverture aux autres appréciée par le CEFC. Le papa de Pierre Hugues n’hésite pas une seconde à m’assister dans la réparation d’un fleuret, ma trousse à outils étant dans l’autre salle. “J’aide l’autre” dit le livret des blasons; sans rien attendre en retour lorsqu’il s’agit de donner un coup de main, les autres m’aident. Pierre Hugues terminera 25ème juste devant Rayan, 26ème au final. Les deux jeunes gens se sont portés bonheur: leur entente matinale a lié leur destin jusqu’au bout de la compétition.
Avec 5 victoires, Rayan arrive facilement à se frayer un chemin jusqu’au tableau de 32. Courant après le score, il s’incline contre le n°1 du classement après les poules Martin Brissy (US Ville d’Avray), entraîné par un autre ‘Martin’, le Maître Christian Martin, ancien entraîneur national, avec lequel il est toujours plaisant de discuter. L’ensemble de sa compétition, est à l’image son état d’esprit: joyeux, modeste, discipliné, disponible. Bon camarade, il a un mot pour les amies. Rayan, désormais 6ème du classement de Ligue, peut regarder droit devant lui et espérer une participation à la Finale. En plus d’être un bel escrimeur, le jeune garçon partage la plupart de nos valeurs, et brille, au moins autant que la brillance de tous les métaux distribués avec les honneurs sur les podiums.
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A l’arrivée de Cécile, nous croisons une amie “franco-cubaine”, l’entraîneuse du pôle espoirs de Petit Bourg en Guadeloupe, Maître Barbara Paulin-Hernandez, que le Maître Eddy connaît très bien. Je baragouine un peu d’espagnol avant le début de la compétition pour présenter Cécile auprès de Barbara : en effet, Cécile partage désormais un lien fort avec l’île caribéenne après sa victoire lors du Trophée Maritza Hernandez disputé au mois de février à Cuba. Nos routes se croiseront à nouveau au tableau de 64, où Cécile bat l’élève de Barbara, Bénédicte Vincent 10 touches à 5.
Est-ce l’esprit de Cuba qui guide Cécile lors de ses premier assauts? Le démarrage est en trombe : 3 victoire 5-0, 5 victoires en tout. Sans souci jusqu’au tableau de 32, Cécile doit alors passer l’obstacle Garance Roger. Issue d’une famille d’escrimeurs de haut niveau (Enguerrand & Wallerand, les aînés, font partie de l’équipe de France d’Escrime), la jeune fleurettiste de Melun Val de Seine connaît une entame difficile. Ses cris aigus, rageurs, libérateurs, la remettent en selle. Cécile s’approche à nouveau de la victoire, à nouveau contre une fille de Melun. 8-6, 9-9. La flèche de Garance atteint sa cible. Cette fois-ci, il n’y a pas d’injustice. La meilleure attaquante a gagné. 25ème au final, Cécile signe un résultat probant. Désormais 3ème du classement de Ligue, elle a également en point de mire la Fête des Jeunes 2018.
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Les instants nous réunissant et qui suivent la défaite de Cécile, dernière de nos forces en piste, et très soutenue par ses camarades Rayan & Aida, sont pour moi chargés d’émotion. L’esprit de famille qui a guidé ces jeunes si courageux n’est pas ordinaire. Leurs valeurs communes, transmises par l’esprit du Maître Eddy, se retrouvent sur la piste, où leur fair-play, leur modestie, et surtout un cœur immense s’est exprimé au grand jour d’une compétition de jeunes. Cette escrime “de alma, de corazón“, est celle que nous souhaitons pratiquer et enseigner au CEFC. Ce palpitant chapitre n’est que le début de l’aventure.
Thomas Fioretti
Un grand merci aux accompagnatrices & accompagnateurs, qui ont placé les jeunes dans de si bonnes conditions
Famille Khellaf, Famille François, Famille Sadli & nos jeunes supportrices & supporters,
Aris le petit frère d’Aida, Mia & Ebony Patterson les filles du Maître Eddy.