10 escrimeur.se.s du CEFC ont disputé, au fleuret, ce dimanche 19 janvier 2020, le 1/4 de finale M15 de la Zone Île-de-France, à Montigny le Bretonneux. 2 seulement, Aida et Gaspard, auront l’occasion de représenter leur club à Roanne, le 29 mars prochain, lors de la première étape nationale de la saison. Si la compétition a montré leurs limites, l’histoire écrite par ce jeune groupe, n’en est qu’à ses débuts.
- Un départ groupé, un dimanche pour rester soudé.e.s
10/10 au départ, donné à 7h à Paris, malgré les petites pannes de réveil; 2/10 au soir de Montigny : le CEFC a pris pour pour habitude de retenir les bonnes notes, et d’assumer avec honneur les moins bonnes. Le contingent franco-cubain, important au départ (13 qualifié.e.s, 10 participant.e.s, soit 2 fois plus que l’an dernier), avait battu un record historique pour cette épreuve, l’une des 3 plus importantes de la saison des minimes sur le territoire français. La densité et le niveau de la concurrence n’a nullement découragé nos athlètes, y compris les jeunes surclassé.e.s.
Dès l’entame, la bonne humeur est de mise au sein du groupe, et les garçons ouvrent le bal avec décontraction et implication à l’échauffement, en investissant les pistes d’un gymnase encore bien silencieux. Malgré la difficulté de la tache, le plaisir de partager cette matinée ne quittera pas les fleurettistes. Le plus touché sera Alois, dans la difficulté lors de la poule et la suite. Se décourager n’étant pas dans ses habitudes, il signera une “petite” victoire comme son fidèle compagnon d’armes Pablo. Les M13 ont constaté que l’étage supérieur demande des habitudes et du bagage technique : Astahan est proche d’un succès mais paye son inexpérience (pas de victoires et une défaite contre son coéquipier de salle Christian); Yal, battu et abattu au 1er tour, signe une victoire d’honneur au tableau de 256, en battant son adversaire versaillais 10 touches à 2. Adam fait, certes partie des “grands” en étant déjà M15, mais des grands bleus ! Il compense son manque de technique par un allant constamment offensif et un engagement qui ne demande qu’à s’exprimer (et aussi à être canalisé !). Si Pablo, en progression franchira également le 1er tour et peut-être un palier mental, Alois, lui butera sur la première marche. Frustré, déçu, il se remobilisera très vite après les mots des entraîneurs !
Les battus du premier et deuxième tour, n’avaient dès lors plus aucun espoir de qualification pour Roanne, mais à vrai dire, aucun n’avait cette étape en tête à ce moment là. L’heure était plutôt à la rigolade,lors de la pause déjeuner.
- Le début de l’aventure
Au moment où les garçons s’éparpillaient sur les pistes pour disputer leurs matches de tableau, les filles arrivaient également groupées, accompagnées par Frédéric, papa de Gaspard et Céleste, la grande absente de la journée côté fille. Aida, toujours aussi volatile, avait échappé à ses deux camarades, Solveig et Camille, à qui il a manqué quelque chose pour espérer mieux. Dernière et avant dernière du classement, il reste pourtant énormément d’enseignements à tirer, autres que la brutalité du résultat. Benjamine du groupe, il a certes manqué des touches à Camille, mais surtout la présence de sa sœur d’armes et sœur de Gaspard, la jeune Céleste. Si Camille n’a pas trop eu le temps de rêvasser, la teneur de ses matches a montré que la “petite” avait les pieds bien sur terre, et un cœur énorme, qui a sinon impressionné, du moins étonné certaines de ses adversaires en poules, parfois surprises par sa vivacité. Charlotte Pauletto, de la Tour d’Auvergne, est un fort infranchissable ce jour là. La journée vécue par la fleurettiste, très entourée par les garçons lors de ses premiers matches, puis grande camarade une fois la défaite vite digérée, construira les futures victoires, collectives, sportives, d’un groupe M13 plein d’espoir. Elle pourra, à son tour charger d’histoires son sac, et les raconter avec ses autres coéquipières. La fin de leur saison et la suite de leur parcours en réserve encore de belles d’ici juin.
A l’inverse de Camille, Solveig, jeune arbitres, escrimeuse M15 confirmée, n’est plus une débutante à ce niveau. Toujours partante pour combattre dans l’arène, la jeune boxeuse a grand sens du combat, et l’intelligence des clairvoyantes. Toujours un peu tendue, à réaction, elle peine à trouver la bonne carburation, surtout dans l’entame des tournois. La technique et le physique, en nette évolution positive ces dernières semaines, l’empêchent moins la touche victorieuse que la main, qui hésite encore, et la tête, qui gamberge toujours un peu trop. Courageuse, fidèle à ses couleurs, sa présence est un trésor pour Aida, qui fera honneur à son rang après des hauts et des bas lors des montagnes russe de son tableau de 32. Le sourire des supportrices donnent une leçon de fair-play à Aida. Si l’on cherche souvent Aida dans les gymnases de Paris et de France, ses deux camarades se tiennent au plus près au moment où elles ont perdu, pleines d’énergie pour encourager.
- Aida & Gaspard, à suivre…
D’un point de vue comptable, les deux grandes satisfactions sportives, viennent logiquement des mieux classé.e.s du CEFC : Aida Khellaf, 10ème du tournoi dames, et Gaspard Medeiros, 20ème, comme en 2019. Une formalité sur le papier pour Aida, et pourtant pourquoi faire simple, quand on peut se compliquer la vie? Défaite lors de son tout premier assaut, Aida franchira aisément son tableau de 64 et passe près du précipice dès le tour suivant, à 7-3 et et 9-6, contre une adversaire qui l’a respecté jusqu’au bout, mais qui finira par céder sous le poids des offensives répétées de la jeune franco-cubaine. Touchée, coulée sous un torrent de larmes, Maître Eddy et moi nous nous précipitons, non vers la gagnante, mais vers la vaincue, pour souligner son courage au combat. Spectatrice du tableau de 16, Aida poussera la future finaliste Garance Roger… en bout de piste, lors de sa seule belle attaque du match. En manque de confiance, la tranchante attaquante de la salle Gambetta devra retrouver le mordant dans les prochaines semaines pour aller sur le grand huit ou rejoindre le carré d’as.
Auteur d’une impeccable poule (5 victoires sur 5), Gaspard passe sans encombres les deux premiers tours de tableau (10-4 au t.128, 10-1 le tableau de 64). 15ème, son classement intermédiaire indiquait une percée et un avertissement : lui évitant un escrimeur mieux classé au tableau de 32, la logique comptable le plaçait en favori contre son adversaire de Champigny sur Marne, loin du compte après le premier tour (82ème). La force, toujours tranquille, même dans les moments les plus chauds, lui a tout de même manqué pour franchir match-couperet. Personne ne doute qu’il puisse un jour surmonter cet obstacle. Très observateur, avare en mots et en énergie, il est le centre atomique du groupe CEFC. Leader sans vouloir s’imposer, bon camarade sans être chef de bande, il possède l’œil des connaisseurs, la main chaude et la tête froide. Ne lui manque, peut-être qu’un ou deux matches références, pour voyager plus loin, ce supplément d’âme et d’émotion qui submerge ou transcende les champions; ce degré de folie capable de renverser des montagnes. Un tel esprit de conquête est ce qui a autrefois guidé une nation caribéenne, il y a 20, 30 ans, vers les sommets mondiaux.
- “Tout est dit…”
On raconte souvent, y compris sur ces pages, la compétition et le parcours des jeunes athlètes, rarement celui des arbitres. Leur rôle, de 8h du matin jusqu’à 17h, 18h, entre fatigue nerveuse et visuelle, stress, force dans leurs prises de décisions, autorité, est fondamental. Cette fois ci de l’autre côté de la barrière, Rayan y trouve un espace d’affirmation de sa personnalité d’escrime. Aussi peu loquace en paroles que son jeune coéquipier gaucher, encore parfois hésitant sur la piste, il est également à la recherche de la justesse d’analyse de sa phrase d’armes. Personne ne n’oserait dire qu’il a peur du vide, et la joute régionale de dimanche, aux allures d’une grande compétition française (pas loin de 250 jeunes sur la journée), ne l’a nullement impressionné au moment de se lancer dans l’action. L’escrime est une discipline magnifique, car elle laisse les armes s’exprimer, et la justesse des mots correspondre au mieux, dans son lexique, à la description de sa gestuelle. Les techniciens les plus bienveillants, lorsqu’ils se sont eux aussi frotté à l’exercice de l’arbitrage, ont connu pareils bégaiements et hésitations au moment d’énoncer leurs verdicts, devant des tireurs galvanisés ou tétanisés par l’enjeu. Personne ne pourra reprocher à ces jeunes gens de ne pas avoir essayé.
En rentrant, nous nous racontons “1000 histoires” : celles de nos jeunes, toujours belles parce qu’elles sont encore à écrire, et les veilles histoires cubaines de l’escrime internationale, oubliées et glorieuses, étoiles qu’on voit encore briller tant qu’il y aura des personnes pour les raconter. Lorsqu’on croise un cowboy du 20ème, il nous fredonne un air du chanteur auvergnat Jean Louis Murat “Tout est dit” : “Pour un simple mot de toi/ j’aurais fait n’importe quoi/ le pire, le meilleur“. Celui-ci est à venir.
Thomas Fioretti
Résultats complets à retrouver sur engarde : https://www.engarde-service.com/files/lifouest/2020_h2024_zone/
Remerciements :
Accompagnatrices et accompagnateurs des jeunes ce dimanche : famille Medeiros, Belkhiri-Raynal, Djavadi, Dorance, ainsi que notre arbitre Rayan Sadli
Association Sport Event 78 – @sportevent78 (photographies, avec leur aimable autorisation)