Les beaux jours du CEFC

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En ces températures quasi estivales, le CEFC, lui, vit pleinement son printemps : la petite médaille en M15, saupoudrée de qualification(s) nationale(s); un passage de Thomas du côté de Fréjus, à l’occasion d’un stage Handisport, sans oublier la fête de Pâques, organisée pour la 3ème fois à Gambetta et sa désormais fameuse “Chasse aux oeufs”. Mais samedi 21 avril, c’était un double événement au club : une initiation à la pratique des déficient.e.s visuels et la visite exceptionnelle de l’équipe nationale cubaine féminine d’épée !

  • M15 Championnats de Paris : Maître Eddy sonne la révolte.

Dimanche 14 avril : l’heure de la dernière chance pour nos M15 d’accrocher un billet pour le Critérium National Minimes du mois de Juin, la Fête des Jeunes (22 et 23 juin, Hénin Beaumont).

Sur la grille de départ, les meilleures chances se nommaient Aida & Gaspard. En panne en bord de Loire, le jeune Medeiros n’améliore pas sa performance du mois de février en terminant à une correcte mais frustrante 19ème place, après avoir signé une poule intéressante (4V/5) et éliminé le compagnon de route Andréa du CEFC. Sekou termine également dans les 30 premiers après 2V en poules et un t.64 rondement mené. La nervosité dont il fait preuve en compétition contraste avec le calme et la sérénité transmise trois semaines auparavant en bord de piste auprès des M13. Lorsque l’on joue pour soi et pour la “gagne”, cette lucidité nous fuit, et, pris dans l’adrénaline, peut jouer des tours à l’escrimeur.se.
Pour les autres, le métier rentre, petit à petit; Pablo et Andrea peu en réussite, il n’est pas simple de le formuler, mais il faut leur répéter : l’habitude des compétitions que s’écrit l’exercice, mais peut-être aussi, les victoires à venir. Leur assiduité lors de ce type de rendez-vous est un atout qu’ils ne doivent pas négliger. Pour Oskar et Christian, ce fut une première fois chez les grands… et une dure matinée : pas de victoire à se mettre sous la dent, et les touches qui ont défilé. De quoi chercher du réconfort auprès des accompagnateurs… et les foudres du Maître Eddy, électrisé en ce dimanche de Championnat, qui est là pour générer l’étincelle. Elevé “à la dure”, le Maestro marche à l’énergie positive. Le recadrage ne produit pas l’effet escompté ce jour-là, mais la leçon portera ses fruits lors des prochaines semaines, des prochains mois…

Pas toujours étincelante, la lumière du jour est cette fois ci venue de la petite Aida. Accompagnée par Solveig et Sasha, animées d’un esprit guerrier et combatifs, la jeune pile électrique signe une jolie 5ème place qui valide ses efforts et son souhait de disputer la grande “fête des jeunes” tant désirée. Aida est devenue, à seulement 13 ans, une des valeurs sûres des fleurettistes à Paris. Le chemin est encore long mais la franco-cubaine, solidement épaulée, commence à avoir les armes pour voyager et malgré sa candeur, tenir un rôle de leader.

  • 08-14 avril, Fréjus : une semaine magistrale

Du 08 au 12 avril, le centre Azureva de Fréjus, accueillait comme chaque année depuis 17 éditions, le stage international FFH de formation handisport, ainsi qu’un stage international d’entraînement pour les équipes de France d’Escrime Handisport. L’occasion d’obtenir mon diplôme “CQH” (certificat de qualification Handisport), une corde supplémentaire à mon arc d’escrimeur. Mené de main de Maître par des cadres de l’équipe de France et de l’escrime française (les Maîtres Perrin, Godet et Deleplanque, dont la feuille de route et les CV parlent d’eux même…), ce stage m’a permis d’aller à la rencontre d’athlètes en progression ou en recherche de performance, et de baigner une semaine dans l’escrime de 9h à 23h. Le stage s’est terminé sur une superbe expérience d’arbitre, aux trois armes fauteuil, lors de la compétition satellite IWAS (International Wheelchair and Amputee Sports Federation). Je repars du sud de la France avec de nombreuses images fortes et moment inoubliables : les géorgiennes se tenant par la main lorsque leur hymne résonne lors de leur triplé au fleuret et au sabres, les discussions et échanges passionnants avec les athlètes et formateur.trice.s; la soirée découverte du handisport et du fauteuil avec les jeunes escrimeur.se.s du club de Fréjus…


Nous avons également pu passer une journée complète en compagnie d’athlètes déficient.e.s visuels, un autre moment fort du stage, où certains de mes camarades sont revenus changés. Nos certitudes sur l’inclusion, et de l’escrime pour tou.te.s n’en sortent que renforcées après cette semaine magistrale.

  • Les samedi ou les beaux jours du CEFC

Loin de la tension de la compétition handisport de haut niveau, c’est la fête de Pâques au club que je loupe. Les photos envoyées par les Maître.sse.s Dona & Eddy me donnent de la force. La joie a posé ses valises au 153 et s’y installe chaque mercredi, chaque samedi lorsque les enfants y pratiquent l’escrime en chœur, en cœur. La “gagne”, loin d’être secondaire, n’est qu’une composante de l’état d’esprit des franco-cubain.e.s qui ont compris que la joie de pratiquer la discipline, et un grain de “folie” étaient des ingrédients essentiels au bien être. Nous avons gagné si les enfants, jeunes et adultes, “jouent” l’escrime comme ils le veulent, avec générosité, fierté, fair-play., tourné.e.s vers l’autre.

Pour enseigner l’escrime aux non et mal voyants, il est nécessaire de le faire avec tact, patience, pédagogie et de don de soi. Les personnes initiées à la pratique lors de l’atelier découverte animé par le Maître Eddy & moi samedi 21 avril 2019, sont sorties de la salle conquises, libérées par le plaisir de découvrir les sensations uniques qu’offre ce sport. Les ami.e.s du club, venus assister à l’événement étaient également impressionnés par leur aisance avec une arme après quelques minutes de pratique. Dans un coin de la salle, la délégation nationale de Cuba, ainsi que les épéistes cubaines, présentes depuis la fin de matinée, ont observé le spectacle, toutes et tous sidéré.e.s

France-Cuba : la route du Maître Eddy, parti de son île natale où sa maman lisait et enseignait le braille en institut spécialisé, a de nouveau croisé celle de ses compatriotes dans la salle parisienne. Venu en équipe, Cuba était emmené par son jeune Président de la Fédération Cubaine d’Escrime Aljhadis Bandera, ex-international au sabre, et le Maître d’Armes National Ramon Loyola, grand frère de Wilfredo & Nelson, champion du monde par équipes avec Ivan Trevejo et Carlos Pedroso, & médaille de bronze par équipes, la dernière médaille olympique de l’histoire de l’escrime cubaine.

Lorsque les 3 athlètes pénètrent dans notre salle d’armes, c’est avec stupéfaction et bonheur que les enfants découvrent les escrimeuses. Yamilka Rodriguez Quesada, 40 ans, Ceily Mendoza Venant, 29 ans, Diamelys Gonzalez Sandoval, 24 ans. Les filles jouent le jeu lors des questions-réponses avec les enfants, très timides dans un premier temps, puis de plus en plus curieux. Une image me stupéfait : elles s’assoient pour répondre aux interrogations de nos enfants et jeunes, et se mettent littéralement à leur niveau, ne surjouent pas l’humilité. L’échange est d’une très grande simplicité. L’après midi d’entraînement, un peu plus tard dans la journée, se fait surtout dans les rires, le bonheur de pratiquer les 3 armes; un “moment historique” me souffle, hilare, Diamelys, au moment de rentrer en tenue de sabreuse sur la piste avec Yamilka, qui n’a jamais pratiqué le sabre de toute sa vie !

Gracias CUBA, de todo corazón, de la part de L’ensemble des tireur.se.s, des enfants, et des encadrants, du CEFC !

Thomas Fioretti