Razzia bleue

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Doublé au “Monal” (désormais Challenge SNCF Réseau), victoire des sabreuses à Pékin, podium pour les épéistes bleues à Johanesburg, 3ème place de Vincent Simon au Grand Prix de Saint-Petersbourg au fleuret.

 

Pas trop matinaux, Eddy & moi débarquons sur le coup de 11h Vendredi au stade Pierre de Coubertin suivre les premiers pas d’Ivan Trevejo, toujours vert dans sa 44ème année. A peine le temps de voir notre champion s’excuser d’y être allé un peu fort sur une touche portée à la clavicule de son adversaire américain, pousser un ou deux cris, que l’affaire est déjà bouclée pour les qualifications. C’est net et sans bavure:  deux “bagels” (5-0), et 6 victoires. Le Franco-Cubain termine n°1 après le classement des poules et se qualifie directement pour le tableau de 64 du lendemain. Décontracté et disponible, comme à son habitude, il trouve le temps de bavarder entre deux assauts, et nous prendre la température de l’évènement. Plus de 350 tireurs sont présents pour cette épreuve toujours très réputée et appréciée des tireurs, bien qu’elle ait perdue, comme le C.I.P. Fleuret, son appellation de “Grand Prix F.I.E.”. On sent qu’Ivan veut y jouer la gagne, mais la route est longue: c’est la fameuse “voie vers Rio”, signalée sur l’affiche par les étapes mondiales façon station de métro, pour aller jusqu’aux Jeux Olympiques brésiliens. Le ‘Monal’ est là où tout commence pour nos fines lames françaises de l’épée.

 

Les plus costauds d’entre eux passent cette première journée sans encombre. Mais pas Hypolite Bouillot, récent champion du monde junior à Tashkent, pour ses débuts chez les “grands”. Les champions du monde de Kazan (Lucenay, Jérent, Robeiri, Grumier) sont là; Ivan bien sûr, et puis les confirmations de cette saison (Gustin, Fonson, Marchal). Et puis, il y a parmi les qualifiés bleus, un ancien finaliste qui s’est (un peu) fait oublier : Alexandre Blaszyck, jusqu’alors en manque de résultats. Il y a deux ans, dans l’écrin du Carrousel du Louvre, il s’était retrouvé à 14-14 contre son coéquipier Daniel Jérent. Blaszyck avait touché mais l’arbitre avait annulé le point. Le grand Alexandre (1m97!) avait ruminé longtemps cette déception. Obry l’a d’ailleurs récemment titillé en déclarant publiquement qu’il pourrait passer à côté d’une grande carrière.
Après son premier tour géré tranquillement géré, (victoire 15-7 contre l’Ukrainien Herey), Ivan devait faire face au Suisse Fabian Kauter au t.32. Un adversaire qu’il connait bien, et qu’il a battu un mois auparavant au GP de Budapest. L’helvète, revanchard, n’hésite pas à afficher publiquement son envie d’en découdre.

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Source : https://twitter.com/FabianKauter/status/594433629608087553

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Le match démarre mal (0-3) pour Ivan, trop pressé de toucher en première intention. Kauter maîtrise, pare, contre-attaque, joue sur sa tonicité et ses qualités explosives. Petit, il sait qu’elles sont ses principales armes, bien aidé par une main en or. Défait sur le score de 15-8, Ivan quitte la compétition avec les honneurs; déçu mais pas abattu d’avoir trébuché sur la première marche. On l’a dit: la route vers l’Amérique du Sud est encore bien longue.

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Ivan Trevejo, avec Maître Eddy Patterson (à droite) & Thomas Fioretti (au centre)

Avant de partir, il est temps de poser avec le champion, à qui je précise qu’on entretient vivement sa légende parmi et autour de nous, au club et ailleurs. L’aventure continue, suerte Ivan !

Kauter élimine au tour suivant un autre français, le champion du monde Ulrich Robeiri, hélas pas dans une forme étincelante. Le match France-Suisse, grand classique à l’épée, se poursuit sur les pistes voisines avec la victoire “caliente” d’Erwann Fonson à la mort subite contre Benjamin Steffen, dans ce qui restera un ‘must’ de cette édition 2015.
Blaszyck toujours en lice, les Bleus voient perdre en route précocement Gustin & Marchal, puis Grumier, battu par le surprenant gaucher Tourchine (32 ans, 52ème mondial), futur demi-finaliste après un non-match absolu contre son compatriote Avdeev, conclu sur le score de 4-3 à la mort subite après 3 passivités… Après un joli parcours, dont un énorme assaut contre Jorg Fiedler (ancien vainqueur du Monal), Lucenay s’incline en ¼ contre le roublard Gabor Boczko, victorieux en 2007. Blaszyck, toujours très impressionnant s’invite dans le dernier carré! Et le show ne fait que commencer….

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Son et lumière à Coubertin : L’escrime et l’épée brillent

Après un intermède ‘samba & carioca’ pour rendre hommage au futur pays hôte des jeux, les organisateurs ont misé sur une mise en scène spectaculaire mettant en avant les athlètes sur la piste principale. C’est à la fois beau, intime et tendu, feutré et intimidant. Dans cette ambiance réunissant spectacle et compétition, Alexandre Blaszyck est éblouissant. Il livre en demi-finale (15-8 face à l’italien Paolo Pizzo, un des tireurs les plus impressionnants ce jour-là) et en finale contre Boczko (15-9) deux partitions magistrales, effaçant le douloureux souvenir de 2013. “C’est plus beau qu’un titre mondial!” déclarera t-il après son triomphe. Et si il vérifiait en juillet prochain en allant décrocher l’or à Moscou (Mondiaux d’Escrime du 13 au 19 Juillet)?

 

Le lendemain, l’équipe, composée de Daniel Jérent, Ulrich Robeiri, Ronan Gustin & Gauthier Grumier, triomphe de l’Allemagne en finale. Le week-end de rêve se complète alors : à Pékin, les sabreuses,  pourtant privée de Charlotte Lembach, blessée,  s’imposent contre l’Ukraine d’Olga Kharlan en finale. Défaillantes en individuel, les épéistes Lauren Rembi, Auriane Mallo, Maureen Nisima & Marie Florence Candassamy, décrochent un joli podium en Afrique du Sud. Quant à nos fleurettistes, toujours très réguliers, c’est cette fois ci Vincent Simon qui sort du lot en allant chercher la 3ème place à St Pétersbourg. On espère que la dynamique se prolongera dans la capitale russe cet été.